Prénoms et orthographe
Depuis 1993, on peut donner librement n’importe quel prénom à son enfant, à condition qu’il ne soit pas péjoratif. Cela s’est traduit par la création ex nihilo de prénoms tout neufs, successions de syllabes sans aucun sens, par la réutilisation de mots du langage courant promus au rang de prénoms, mais aussi par la multiplication des variantes orthographiques, parfois ridicules ou malvenues, de prénoms pourtant plus ou moins classiques.Marie-Odile Mergnac
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Clitis : originalité ou ignorance ?
Une sage-femme du Val-d’Oise demandait à une patiente comment elle voulait appeler son garçon : "Clitis, comme Clitis Woud" (c’est-à-dire Clint Eastwood, l’acteur).
Cette histoire véridique fait toujours rire. On ne se sent pas concerné.
Pourtant, avant de choisir n’importe quelle orthographe pour le prénom de votre enfant, réfléchissez bien : demandez-vous si la forme que vous envisagez ne va pas vous faire paraître aussi ridicule que cette brave dame...
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Multiplication des variantes orthographiques
Depuis 1993, on peut donner librement n’importe quel prénom à son enfant, à condition qu’il ne soit pas péjoratif.
Cela s’est traduit par la création ex nihilo de prénoms tout neufs, successions de syllabes sans aucun sens, par la réutilisation de mots du langage courant promus au rang de prénoms, mais aussi par la multiplication des variantes orthographiques, parfois ridicules ou malvenues, de prénoms pourtant plus ou moins classiques.
Marie-Odile Mergnac
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Matthieu, Côme : Formes classiques et formes savantes
Certains prénoms possédaient déjà des variantes depuis des siècles.
Matthieu par exemple : il comporte deux t dans la Bible, mais sa forme populaire simplifiée par l’usage a fini par ne prendre qu’un seul t.
Autre exemple : la réforme ortho- graphique de l’Académie en 1740 ; elle a remplacé les s muets derrière des voyelles par des accents circonflexes. Cosme est devenu Côme, Benoît a remplacé Benoist, mais les formes anciennes ressurgissent parfois.
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Gauthier, Gaultier : Les formes régionales
Dans une France multilingue au Moyen Âge, certains prénoms ont pris plusieurs formes orthographiques.
À l’instar d’Alexandre en France, connu comme Alexander en Angleterre ou Alejandro en Espagne.
Gauthier (forme du Sud-Est de la France) peut ainsi s’écrire Gaultier (forme angevine) ou Gautier (Ile-de-France).
Renaud (forme germanique) peut aussi s’orthographier Renault (forme angevine), version moins prisée depuis qu’elle rappelle l’automobile...
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Variantes justifiées et assumées
Le très médiatisé Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligne de protection des oiseaux, porte deux l dans son prénom.
Aucune erreur dans ce cas, il s’agit bien d’un choix volontaire. Le père avait été résistant pendant la Seconde Guerre mondiale sous le nom de code d’Allain. C’est en souvenir de cette période héroïque que le fils, né dans l’immédiate après-guerre, a reçu deux l au lieu d’un.
Mais l’histoire est belle et le fils en est très fier !
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Forme originales ou formes idiotes ?
Inventer aujourd’hui une forme orthographique nouvelle pour un prénom connu n’est pourtant pas sans danger. Car la variante n’est alors ni légitime (comme les différentes formes régionales de Gauthier) ni patinée par l’usage (comme Mathieu).
Faute d’une réflexion approfondie, elle peut vite faire passer les parents de l’enfant pour des nuls en orthographe, en histoire ou en phonétique, comme le montrent les exemples qui suivent...
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Daphné, Timothée : les terminaisons des prénoms grecs
Un certain nombre de prénoms grecs, portés par des saints ou tirés de la mythologie, ressurgissent aujourd’hui.
Or la plupart des prénoms grecs féminins se terminant par é ne portent pas de e (Psyché, Daphné, Thisbé...) alors que les prénoms masculins oui (Timothée, Persée, Thésée, Morphée...).
Faute de culture, des parents trompés par le e final ont donné Timothée à quelques bébés filles ou ont écrit Timothé pour leur fils.
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Tom ou Tome : problème de prononciation
Les diminutifs, réservés autrefois au cercle familial et aux camarades d’école, deviennent aujourd’hui des prénoms à part entière.
Tom connaît ainsi un franc succès. Mais certains, qui veulent suivre la mode tout en s’en distinguant, ont maintenant inventé Tome.
Or, en phonétique, il faut deux m ou pas de e pour que le nom se prononce comme Tom.
Avec un e, Tome se prononce "tôme", comme le tome d’un livre ou comme un fantôme...
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Alexis, Alexi, Alexy : écrit comme ça se prononce
A côté d’Alexis, orthographe correcte, on trouve aujourd’hui des Alexi et des Alexy.
Tout simplement parce que le s se prononçait toujours autrefois, pas toujours aujourd’hui, et que certains veulent éviter de répéter : "Non, nous ne prononçons pas le s" à chaque nouvelle rencontre.
Ceci étant dit, s’il fallait enlever toutes les lettres muettes de nos mots, on écrirait "cou de fusi".
Les parents semblent prendre leurs interlocuteurs pour des attardés...
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Jéson, Jayzon : francisations malheureuses
Si le prénom est d’origine étrangère, certains veulent le franciser. Mais il faut y regarder à deux fois avant de faire n’importe quoi.
Écrire Jéson ou Jayzon au lieu de Jason pour se référer au prénom américain et à sa prononciation plutôt qu’au découvreur de la Toison d’or : bof mais pourquoi pas.
Franciser Karine en Carine, OK. Mais Karen en Carène, ce qui s’est vu, c’est plus délicat. Sauf si l’on est marin, puisque la carène est la partie immergée de la coque des bateaux.
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Pauvre Tiphaine : 27 formes différentes
Le record du nombre de variantes semble détenu par le prénom Tiphaine. Pas moins de vingt-sept formes différentes pour ce prénom du Moyen Âge dont le retour est récent.
De Thifaine, Tiffaine, Tifène... jusqu’à l’invraisemblable mais réel Tifeen (que la pauvre enfant entendra les Anglais prononcer "taille fine", histoire d’arranger les choses).
Est-ce vraiment une bonne chose que d’obliger sa fille à épeler toute sa vie son prénom à ses interlocuteurs ?...
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Théo, Téo, Théau, Théa, Tea
Théo signifie "Dieu" en grec. Il est revenu à la mode, orthographié parfois Téo, voire même Théau (sic ! comme le préau d’une cour d’école !!).
Sa mode a fait surgir un prénom féminin nouveau, totalement inventé, Théa.
Mais la même aberration orthographique que pour Théo le fait parfois écrire Téa. Un nom que les Anglo-saxons, puisque leur langue est universelle, prendront sans aucun doute pour un hommage à leur boisson nationale favorite... Dur, dur.
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Signification des prénoms
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