Les prénoms béarnais et gascons

Il était d’usage, en France d’Ancien Régime, de donner aux aînés les prénoms de leurs parents et de leurs grands-parents. Au Béarn, cette règle était encore plus systématique qu’ailleurs.
Ainsi, le prénom Amanieu reste permanent dans la famille d’Albret du XIe au XVIe siècle.
Les comtes d’Armagnac ne se partagent pendant des générations que Bernard et Géraud, les comtes de Comminges Arnaut et Roger, les vicomtes du Béarn Centulle et Gaston.

En ce début de XXIe siècle, on constate une préférence régionale pour des prénoms comme Bastien, Diego, Dorian, Gaël, Guilhem, Pablo, Rémi, Sylvain… pour les garçons, et Ambre, Carla, Célia, Elsa, Laurie, Lisa, Maïlys… pour les filles.
Ils ne sont pas forcément d’origine locale, certains viennent d’Espagne, d’Italie, ou du reste de la France, mais sont particulièrement appréciés des Béarnais, y compris le très basque Maïlys !

Texte : Marie-Odile Mergnac

En 1800, Jean désignait 40 % des garçons béarnais.
Et avec Pierre et François, on tenait les trois prénoms qui désignaient à eux seuls plus de la moitié des garçons (51 %). suivis par Joseph, Bertrand, Paul, Louis, Bernard…
Pour les filles, la variété des prénoms était encore plus faible. Il suffisait de deux prénoms, Marie et Jeanne, pour désigner la moitié des femmes du Béarn.
On trouvait ensuite Catherine, Françoise, Bertrande, Louise…

Jean était le prénom le plus fréquent dans le Béarn au XIXe siècle.
Mais pendant longtemps, et notamment pendant tout le Moyen Âge, c’est Pierre qui a tenu la première place, sous sa forme locale Pè (ou Per).
On le trouvait parfois en association avec un autre prénom : Pébernard, Pémartin, Pessans (Pierre-Sanz), car les prénoms doubles étaient fréquents dans la région jusqu’au XVe siècle.

Il n’existe pas de texte antérieur au VIIe siècle donnant des indications sur les noms béarnais.
Impossible de savoir ce qui existait auparavant ni même ce qui se donnait vraiment à cette époque car, comme l’indique le spécialiste de la région Michel Grosclaude, ces premiers textes ont été écrits par des chroniqueurs du nord, "qui ont pu remplacer les noms d’origine par des noms latins ou francs de consonance voisine".

Parmi les principaux : Aimelin, Amanieu, Amat, Amadon, Amic, Aner, Anfos, Aramon, Arnaut, Benedit, Bernat, Berdot, Berdolet, Berducat, Bernat, Bernadon, Bertran, Bertranot, Berot, Carles, Causit, Corbairan, Dat, Doat, Doadet, Domenge, Duran, Escobon, Espan, Espanbrun, Fort, Franc, Garmon, Gassie, Gassiot, Germond, Gualhard, Hauquin, Herran, Gaston, Gaiet, Gelibert, Gentiu, German, Goassen, Guilhem, Guilhemot, Guilhot, Guiraut...

Et encore :
Hanequin, Isacot, Jacmes, Jacmet, Jacmot, James, Jaufre, Johan, Johanicot, Johanot, Jordan, Lop, Manaut, Menaudet, Menaut, Marin, Marquès, Matiu, Mativet, Menjolet, Meric, Miqueu, Navar, Nicolau, Odon, Pascuau, Pastor, Pau, Paulon, Pè, Per, Perarnaut, Peirolet, Peirolin, Peirot, Peirotet, Raimon, Romeu, Sabent, Sans, Sanset, Sansot, Sanz, Sauvat, Savin, Siolet, Tomas, Tomaset, Vesiat, Vidau, Vidalot, Vivent, Vivian…

Parmi les principaux :
Agneta, Aicelina, Aimelina, Amada, Amadina, Andriva, Belina, Belita, Berdota, Berota, Blanca, Blancaflor, Blancota, Blanquina, Bonina, Bruna, Bruneta, Clariana, Clariota, Coloma, Colometa, Cortesa, Desirada, Domenja, Domengina, Docina, Esclarmonda, Estefania, Flor, Floreta, Florina, Florentina, Fortina, Franca, Hranca, Hranquina, Hrancota, Garsenda, Gasconha, Gasconheta, Gastonha, Gauda, Gaudita, Gencina, Gratiana, Gracieta...

On peut citer encore :
Gracianota, Guilhemana, Guirana, Guireta, Isabela, Johanina, Jordana, Laia, Laurença, Margalida, Maria, Mariana, Mariota, Marina, Martina, Marta, Mativa, Melianda, Mengina, Menina, Miquela, Nina, Pascalina, Pavina, Salesa, Peirona, Peirolia, Presada, Prosina, Proseta, Ramona, Sancia, Sauvada, Saura, Saurina, Savina, Serena, Sibila, Sorita, Valencia, Valerina, Vesiana, Viveta, Vendota, Vintana, Vivernata, Viana...

À partir du IXe siècle, on voit apparaître fréquemment des prénoms doubles, Jacmet-Bernat ou Guilhem-Sanz par exemple.
Cette coutume du prénom double persiste jusqu’à la Renaissance, puis disparaît sous l’influence française, à l’exception d’Arnaut-Guilhem, qui se maintient jusqu’au XVIIIe siècle.
On verra à partir de la fin du XIXe siècle réapparaître les prénoms doubles (Jean-Baptiste, Jean-Pierre, Jean-Michel…) mais c’est une autre histoire…

De la même façon qu’on a utilisé ensuite surtout Jean et Marie pour créer des prénoms doubles en France, ce n’était pas n’importe quels prénoms qui servaient au Moyen Âge à construire les prénoms doubles béarnais.
Ils n’étaient que onze à pouvoir être associés à d’autres, et tous masculins :
Aner, Aramon, Arnaut, Bernat, Fort, Gassie, Guilhem, Johan, Lop, Per, et Sanz.