Les prénoms africains féminins

Parmi les prénoms féminins africains les plus portés en France : Collé, Coumba, Daba, Demba, Diabou, Diama, Diakhao, Diarra, Dieynaba, Diouma, Djeumbe, Fama, Fanta, Farimata, Goudia, Khary, Khoudia, Lissa, Ma, Macodé, Madiodio, Mané, Mawa, Mbayam, Naatou, Ndatte, Ndawa, Ndella, Ndiaya, Ndiaré, Ndioba, Ndiouma, Ndjilane, Ndjolé, Ndoumé, Ngoya, Ngoye, Notibé, Rama, Sadio, Sakina, Salimata, Sanou, Seyba, Siga, Sokhati, Tabara, Thiané, Tiaba, Yama, Yandé, Yombé… et bien d’autres encore !

Difficile d’aborder tous les prénoms d’Afrique noire ! Le continent est trop vaste et les pays trop nombreux.
Il y a quand même des ressemblances, des parentés d’une nation à l’autre, d’une langue à l’autre, et les mêmes différences entre garçons et filles.
De nombreuses ethnies donnent par exemple des prénoms chiffrés aux garçons, une façon de les numéroter selon leur rang de naissance. Mais aucune ne le fait pour les filles.
Petit tour d’Afrique des prénoms féminins.

Marie-Odile Mergnac

Les prénoms sont parfois donnés à la fillette déjà grandie.
Entre temps, on l’appelle "petite fille" (Kakobwa au Burundi, Nseka au Rwanda, Ejurua, etc.) ou "chrysalide" (Kimpatiu au Congo).
Autour du lac Victoria en revanche, on lui attribue un prénom provisoire péjoratif, du genre "Sorcière malfaisante", "Sans famille", "Miséreuse"… par superstition, pour que les esprits mauvais ne s’intéressent pas à elle et qu’elle vive.

Parfois, la jeune fille change de prénom au mariage ou après une naissance.
Au Congo ou en Angola par exemple, dès le premier enfant, le mari nomme désormais sa femme "mère de Untel" ou, si c’est le cas, "mère de jumeaux" (Ngudi la simba).
Elle change aussi de prénom en cas de naissance gémellaire : Manii, c’est la "mère des jumeaux" au Cameroun, ou de notoriété des enfants devenus adulte : Amafo signifie "mère du chef" au Cameroun.

Il est fréquent que le prénom rappelle le jour de la naissance.
Le meilleur est le mardi, on dit qu’il porte chance. Mardi a donné les prénoms féminins Adjoa ou Abenah.
On trouve aussi pour lundi : Akissi ou Amenan ; pour mercredi : Akoua ; pour jeudi : Aya, Ayaoua, Ahou ou Yaa ; pour vendredi : Afi, Afiwa, Affoué ou Efia ; pour samedi : Ami, Amélé ou Ama ; pour dimanche : Essie.

Ces prénoms actuellement en essor se retrouvent sous d’autres formes en fonction de chaque langue.

Au Katanga ou au Congo, on donne aux enfants les prénoms des défunts de la famille qu’on souhaiterait voir revivre. Souvent les prénoms des grands-parents, mais exprimés à travers la filiation.

On trouve ainsi des petites filles qui s’appellent Nakatunda, ce qui veut dire "mère de Katunda", parce qu’elles sont filles d’une mère nommée Katunda qui a voulu rendre hommage à sa propre mère.

Depuis deux siècles, les prénoms choisis le sont parfois en fonction des religions nouvelles.
On retrouve ainsi des appellations qui nous semblent familières parce qu’elles correspondent à des noms bibliques ou à des noms de saints donnés au baptême (Maria, Margarita, Rosa, Magdalena…) ou bien, dans les régions d’influence musulmane, à des prénoms islamiques (Fatoumata ou Fadimata, qui correspondent à des formes africanisées de Fatima, Madina qui évoque Médine, Malika…).

Les prénoms féminins les plus répandus évoquent la future maternité.
Ainsi, en langue lunda (Afrique occidentale), les noms Ihemba, Kahemba, Mujinga et son diminutif Jinga désignent l’Esprit qui donnent une heureuse grossesse.
En wolof, le prénom Yaaboy signifie "maman chérie".
En akan, NaNa, c’est "mère de la terre".
Au Cameroun, Nya veut dire "mère".
En bamikele, Amepa, c’est "la mère de la maison".
En poular, Néné, c’est "maman".

Parfois, les prénoms donnés ont un ancrage historique.
Abla et Pokou, portés par la princesse Ashanti du XVIIIe siècle qui a fondé le royaume baoulé, sont devenus des prénoms très portés en Afrique de l’Ouest.
Le prénom féminin sénégalais Weidji renvoie à la sœur du roi Meïssa Teinde, du début du XIXe siècle, Makeda correspond au prénom porté par la reine de Saba, Lueih ou Rueij à la fondatrice de l’empire lunda, Yenenga à l’épouse du roi Dagomba créateur de l’empire Mosse (Burkina Faso) au XIe siècle…

De nombreux prénoms évoquent une qualité morale.
Ainsi, en swahili : Amana (confiante), Amina (paisible, pacifique), Asiya (soignante), Awena (douce), Gasandji (celle qui éveille les consciences), Kiara (princesse), Lia ou Liya (porteuse de bonnes nouvelles), Njiwa (colombe), Penda (aimante), Saana (artiste), Safi (pure), Tabia (polie), Zuwena (gentille)…
En bamikele : Goutie (posée, réfléchie), Minte (admirable).
En yaka : Peembè (pure), Litone (aimante)…

On souhaite toujours qu’une fille soit belle. Aussi cette notion de beauté ou de grâce, avec toutes ses nuances, se retrouve-t-elle dans les prénoms de multiples ethnies.
Anisa, Assireni, Marini ou Maka en swahili ; Lobbo en peul ; Mossaane ou Moss (la plus belle) en serer ; Walli en téké, Kiti en yaka…
On trouve aussi l’évocation de la lune, là encore symbole de beauté, avec Lamia, Kamania, Kamaria (brillante comme la lune) en swahili.

Dans plusieurs pays d’Afrique, les prénoms peuvent évoquer les circonstances de la naissance.
Ainsi, au Bénin, une fille née après une succession de garçons sera appelée Kandé.
En langue kotoli, une fille qui a présenté ses pieds au lieu de sa tête, est nommée Kigna.
Une fille née sur le chemin de la maternité, avant que sa mère enceinte ne puisse l’atteindre, est nommée Halihossi ou Atoumgbré.
N’gatta désigne celle qui est née après le décès de son père, Védoa celle qui est née prématurément, etc.